La mort de l'arbre
Ecoute. Le vent froid aux cailloux de la route
Aiguise lentement, invisible ouvrier,
Les serpes et les faulx de ses bises d'acier ;
Le pas du Temps résonne au carrefour. Ecoute.
Ecoute. Au loin déjà les fleurs s'effeuillent ; toute
La prairie alentour frisonne, et tout entier
Le grand arbre frémit au souffle meurtrier ;
Et sa Dryade en lui sa saigner goutte à goutte.
Les bûcherons, liant le fagot et l'écorce,
Vont dépecer, hélas ! ta stature et ta force ;
Ton ombre a marqué l'heure à ta chute ; mais sache,
Au soir de quelques Automne orgueilleux de ta mort,
Parmi l'effondrement de ta ramure d'or,
Tomber au moins hautain et grave, sous la hache.
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