mardi 27 octobre 2020

Jean Piat "Mémoires d'un tricheur" | Archive INA


 Si Sacha nous était conté | ORTF | 25/07/1971

Jean PIAT dit un monologue extrait des "Mémoires d'un tricheur" de Sacha Guitry

lundi 19 octobre 2020

La biche des bois (Rosemonde GÉRARD ROSTAND)


 


La biche des bois

Les chasseurs sont absents ; la triste voix du cor
N’est plus, au fond des bois, qu’un écho de fanfare ;
Plus de galop brutal, de cheval qui s’effare,
Cassant les églantiers qui fleurissaient encor.

Pour le faisan qui veille et la grive qui dort.
C’est une douce trêve où le bonheur répare ;
Adieu la vérité de la chasse barbare :
La fable bien aisante a repris le décor.

Entre les églantiers tout pavoisés de roses,
Le cerf a des yeux d’or qui regardent les choses,
Et la biche est si féminine que, parfois,

On croit qu’elle n’est pas une biche sans cesse,
Et que, la nuit peut-être, elle est cette princesse
Qui, le jour seulement, devenait biche au bois.


Rosemonde Gérard Rostand



Stradivarius baROCK - Ave Maria Caccini - Alexandre Da Costa & Bruno Pelletier - Radio Canada


 

mercredi 14 octobre 2020

Alphonse de Lamartine - Cours familier de Littérature (extraits)

 







... 
L'existence était un poème pour moi ; l'univers en notes diverses ne chantait ou ne gémissait qu'un hymne, je ne vivais qu'un livre à la main.

L'âge en avançant changea la note, mais non l'instrument. Les révolutions de 1814 et de 1815, auxquelles j'assistai, la guerre, la diplomatie, la politique, auxquelles je me consacrai, m'apparurent comme les passions de l'adolescence m'étaient apparues, par leur côté littéraire à tout. J'aurai voulu que la vie publique mêlât le talent littéraire à tout ; rien ne me paraissait réellement beau, dans les champs de bataille, dans les vicissitudes des empires, dans les congrès des cours, dans les discussions des tribunes, que ce qui méritait d'être ou magnifiquement dit, ou magnifiquement raconté par le génie des littérateurs.

L'histoire elle-même me semblait mesquine et triviale quand elle ne racontait pas les événements humains avec l'accent surhumain de la philosophie, de la tragédie ou de la religion. L'histoire n'était selon moi que la poésie des faits, le poème épique de la vérité.

L'éloquence de même. Dire ne suffisait pas, selon moi ; il fallait bien dire, et le talent faisait partie de la vérité. Je ne m'en dédie pas ; il y a dans les affaires humaines, en apparence des plus communes, un aspect intellectuel et oratoire vers lequel les esprits les plus positifs doivent toujours tendre  à leur insu ou sciemment pour signifier leur oeuvre ; ce qui ne peut pas être littérairement bien dit ne mérite pas d'être fait.

C'est là la littérature des événements, aussi réelle et aussi nécessaire à la grandeur des nations que celle de la parole. Lisez les annales des peuples ; vous vous convaincrez d'un coup d'oeil que, tant qu'ils n'ont pas été littéraires, ils n'ont pas été, et que leur mémoire commence avec leur littérature. Elle finit aussi avec elle : dès qu'un peuple ne sait plus ni chanter, ni parler, il n'existe plus.
...



...

La littérature n'est pas moins indispensable au récit qu'à l'action des grandes choses ; le peuple lui-même le plus illettré, quand il est rassemblé et élevé au-dessus de son niveau habituel, comme l'Océan dans la tempête par une de ces grandes marées ou par une de ces fortes commotions qui soulèvent ses vagues, prend tout à coup quelque chose de subitement littéraire dans ses instincts ; il veut qu'on lui parle, non dans l'ignoble langage de la taverne ou de la borne, mais dans la langue la plus épurée, la plus imagée et la plus magnanime que les hommes des grands jours puissent trouver sur leurs lèvres.
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Peinture


 

samedi 26 septembre 2020

Ronde d'Amour (Anne Sofie von Otter)

 













Ronde d'amour

Ah ! si l'amour prenait racine,

J'en planterais dans mon jardin

Pour que ma petite voisinen

Respirant la fleur assassine,

Sentit son coeur battre soudain.

Ah ! si l'amour prenait racine

J'en planterais dans mon jardin.


J'en planterais le long des routes,

J'en mettrais pour tous et pour toutes,

J'en mattrais ainsi pour chacun,n

Et je resterais aux écoutes,

Attendant qu'il passât quelqu'un.

Ah ! J'en planterais le long des routes,

J'en mettrais assez pour chacun.


Les garçons cueilleraient la plante,

Les filles souriraient mieux,

Avec une douceur brûlante,

Les doigts unis, la voix tremblante,

Ils s'embrasseraient sur les yeux.

Les garçons cueilleraient la plante,

Les filles souriraient mieux.

Charles Fuster


Ute Lemper chante E. Piaf (Non, rien de rien)


 


















mercredi 19 août 2020

Le pouvoir expressif et affectif des tonalités

 Depuis la musique modale de la Grèce antique et à travers l’histoire de la musique classique, les différentes tonalités musicales expriment prétendument des sentiments uniques de manière innée. Les 24 tonalités musicales possèderaient-elles réellement des pouvoirs expressifs et affectifs ?

Le pouvoir expressif et affectif des tonalités

Lire la suite : https://www.francemusique.fr/culture-musicale/pouvoir-expressif-et-affectif-des-tonalites-86147?fbclid=IwAR2L1_PFex0sYOK_vm63hQHZJt01Fg5obUYOS3OC4_OO_x8nR8MTYwo58Mc*




mercredi 12 août 2020

La bienfaisance (Andrieux)


(Peinture : Etienne Adolphe Piot)

 

 

La bienfaisance


Vivre en soi, ce n'est rien ; il faut vivre en autrui.
"A qui puis-je être utile, agréable aujourd'hui ?"
Voilà chaque matin ce qu'il faudrait se dire ;
Et le soir, quand des cieux la clarté se retire,
Heureux à qui son coeur tout bas a répondu :
Ce jour qui va finir, je ne l'ai pas perdu ;
Grâce à mes soins, j'ai vu sur une face humaine
La trace d'un plaisir ou l'oubli d'une peine.


Andrieux






mardi 14 juillet 2020

Buffon (L'homme - Histoire naturelle)




William Clarke Wontner





Lorsque l’âme est tranquille, toutes les parties du visage sont dans un état de repos ; leur proportion, leur union, leur ensemble marquent encore assez la douce harmonie des pensées, et répondent au calme de l’intérieur ; mais, lorsque l’âme est agitée, la face humaine devient un tableau vivant où les passions sont rendues avec autant de délicatesse que d’énergie, où chaque mouvement de l’âme est exprimé par un trait, chaque action par un caractère, dont l’impression vive et prompte devance la volonté.

C’est surtout dans les yeux qu’elles se peignent et qu’on peut les reconnaître ; l’oeil appartient à l’âme plus qu’aucun autre organe, il semble y toucher et participer à tous ses mouvements, il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils partent.

L’oeil reçoit et réfléchit en même temps la lumière de la pensée et la chaleur du sentiment ; c’est le sens de l’esprit et la langue de l’intelligence.




(Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788)
- Histoire naturelle

vendredi 19 juin 2020

My Neighbor Totoro - Path of the Wind (Kaze no Torimichi) by Grissini Pr...

Souvenir vague ou les parenthèses (Musique Patrice Pertuit)




Poème Edmond Rostand

Musique et accompagnement : Patrice Pertuit








Site de Patrice Pertuit (créations musicales)



Chaîne You tube :





Souvenir vague ou les parenthèses


Nous étions, ce soir-là, sous un chêne superbe
(Un chêne qui n'était peut-être qu'un tilleul)
Et j'avais, pour me mettre à vos genoux dans l'herbe,
Laissé mon rocking-chair se balancer tout seul.


Blonde comme on ne l'est que dans les magazines

Vous imprimiez au vôtre un rythme de canot ;
Un bouvreuil sifflotait dans les branches voisines
(Un bouvreuil qui n'était peut-être qu'un linot).



D'un orchestre lointain arrivait un andante

(Andante qui n'était peut-être qu'un flon-flon)
Et le grand geste vert d'une branche pendante
Semblait, dans l'air du soir, jouer du violon.



Tout le ciel n'était plus qu'une large chamarre,

Et l'on voyait au loin, dans l'or clair d'un étang
(D'un étang qui n'était peut-être qu'une mare)
Des reflets d'arbres bleus descendre en tremblotant.



Et tandis qu'un espoir ouvrait en moi des ailes

(Un espoir qui n'était peut-être qu'un désir),
Votre balancement m'éventait de dentelles
Que mes doigts au passage essayaient de saisir.



Votre chapeau de paille agitait sa guirlande

Et votre col, d'un point de Gênes merveilleux
(De Gênes qui n'était peut-être que d'Irlande),
Se soulevait parfois jusqu'à voiler vos yeux.



Noir comme un gros paté sur la marge d'un texte

Tomba sur votre robe un insecte, et la peur
(Une peur qui n'était peut-être qu'un prétexte)
Vous serra contre moi. - Cher insecte grimpeur !



L'ombre nous fit glisser aux chères confidences ;

Et dans votre grand oeil plus tendre et plus hagard
J'apercevais une âme aux profondes nuances
(Une âme qui n'était peut-être qu'un regard).

Edmond Rostand