dimanche 29 août 2021

Final Fantasy XV - Somnus cover by Grissini Project


 

Illusions perdues (extraits) Honoré de Balzac

 

 











"... Le Journal au lieu d'être un sacerdoce est devenu un moyen pour les partis ; de moyen, il s'est fait commerce ; et comme tous les commerces, il est sans foi ni loi. Tout journal est, comme le dit Blondet, une boutique où l'on vend au public des paroles de la couleur comme il les veut. S'il existait un journal des bossus, il prouverait soir et matin la beauté, la bonté, la nécessité des bossus. Un journal n'est plus fait pour éclairer, mais pour flatter les opinions. Ainsi, tous les journaux seront dans un temps donné, lâches, hypocrites, infâmes, menteurs, assassins ; ils tueront les idées, les systèmes, les hommes, et fleuriront par cela même. Ils auront le bénéfice de tous les êtres de raison : le mal sera fait sans que personne en soit coupable. Je serai moi Vignon, vous serez toi Lousteau, toi Blondet, toi Finot, des Aristide, des Platon, des Caton, des hommes de Plutarque ; nous serons tous innocents, nous pourrons nous laver les mains de toute infamie. Napoléon a donné la raison de ce phénomène moral ou immoral, comme il vous plaira, dans un mot sublime que lui ont dicté ses études sur la Convention : Les crimes collectifs n'engagent personne. Le journal peut se permettre la conduite la plus atroce, personne ne s'en croit sali personnellement."






 
 




Tous s'excuse et tout se justifie à une époque où l'on a transformé la vertu en vice, comme on a érigé certains vices en vertus.
 
 
 

 
 

Giacomelli/Vivaldi - Sposa son disprezzata (Lezhneva, 2020)


 

vendredi 27 août 2021

Peinture : Giuseppe Dangelico Pino


 

Une école modèle (E. Zola)

 

Albert Anker






Dans le jardin, un gymnase se trouvait installé : des jeux, des exercices de toutes sortes, afin que le corps fût fortifié, sain et solide, à mesure que le cerveau se développait lui-même, s’enrichissait de savoir. Il n’est de bon équilibre mental que dans un corps bien portant.

Après les classes, de l’autre côté du jardin, venaient les ateliers d’apprentissage. Des cours y avaient lieu sur les principaux métiers manuels ; les enfants s’y exerçaient à ces métiers, moins pour les apprendre à fond, que pour en connaître l’ensemble et déterminer leur vocation. Ces cours, du reste, étaient menés parallèlement avec les études proprement dites. Dès les premières notions de lecture et d’écriture, on mettait un outil dans la main de l’enfant, en face, de l’autre côté du jardin ; et si le matin, il étudiait la grammaire, le calcul, l’histoire, mûrissant son intelligence, il travaillait de ses petits bras l’après-midi pour donner de la vigueur et de l’adresse à ses muscles. C’étaient comme des récréations utiles, un délassement du cerveau, une lutte joyeuse d’activité...

En dehors des notions générales, on s’efforçait encore de donner aux enfants la notion d’humanité, de solidarité. Ils grandissaient ensemble, ils vivaient toujours ensemble. L’amour seul était le lien d’union, de justice, de bonheur.

Et de même, la beauté fleurissait, les enfants passaient par des cours de musique, de dessin, de peinture, de sculpture, où, dans les âmes éveillées, naissaient les joies de l’existence. Même pour ceux qui devaient s’en tenir aux premiers éléments, c’était le monde élargi, la terre entière prenant une voix, les plus humbles vies s’embellissant d’une splendeur.

Dans le jardin, à la fin des belles journées, par les radieux couchers de soleil, on réunissait les enfants, on leur faisait chanter des strophes de paix et de gloire, on les exaltait dans les spectacles de vérité et d’éternelle beauté.

Emile Zola (Le travail)








Histoire d'un Amour


 

jeudi 26 août 2021

"Alerte citoyens" Georges Chelon


 

Peinture : German Aracil


 

Le devoir et l'intérêt (Ernest Legouvé (1807 - 1903))

 


 

 


Le devoir et l’intérêt


Un jour, un célèbre homme d’Etat d’Angleterre, un ministre, apprit une nouvelle politique qui devait faire subir aux fonds publics une baisse considérable. Quelques minutes après, son père entre ; ce dernier lui annonce qu’il est engagé dans une grande spéculation à la hausse, qu’une partie notable de leur fortune y est engagée, et que, s’effrayant de quelques bruits qui circulent, il vient demander à son fils ce qu’il en est, afin de vendre, si ces bruits sont fondés : 

«Qu’est-ce que son fils doit lui répondre ?


Réfléchis bien ! D’abord cette nouvelle est un secret, un secret qu’il ne possède que comme ministre, un secret qu’il a certainement juré de garder. Le révéler, c’est manquer à sa foi d’homme d’Etat, c’est trahir la chose publique pour un intérêt privé.


- Mais, c’est pour sauver son père !

- Oui ! mais il ne peut sauver son père sans ruiner quelqu’un.

- Comment cela ?

- Si son père vend, il y a quelqu’un qui achètera ; ce quelqu’un recevra donc des valeurs que le père savait être mauvaises, puisqu’il ne les vend que sur l’avis qu’elles vont baisser : il trompe donc sciemment ; or, tromper sciemment, c’est ce que la loi appelle voler. Ce ministre, cet homme d’Etat, en avertissant son père, aurait dont été le complice, l’auteur de ce vol.

- Mais alors, reprit mon fils, très troublé, qu’a-t-il fait ?

- Il a répondu qu’il ne pouvait pas répondre.

- Et qu’à fait le père ?

- Il n’a pas vendu et il a perdu... Je me trompe, ils ont perdu (car son fils était son seul héritier) une somme considérable.»

L’enfant resta silencieux un moment, puis il dit :

«C’est beau !


- Non, ce n’est que bien ; mais c’est si rare que cela devient sublime !.»


Ernest Legouvé (1807 - 1903)
 
 
 
 

lundi 23 août 2021

Peinture


 

Peinture : Susan Paterson


 source : https://www.susanpaterson.ca/portfolio-viewer?collection=70091#lg=1&artworkId=2447575

Citation : Henri Vincenot

 












"Voilà ce que vous allez devenir, messieurs, si vous vous laissez manipuler par les collectivistes, les théoriciens, les savants... Bientôt on vous fabriquera des hommes dans des flacons, sur commande, spécialisés dans l'oeuf et dûment conditionnés dès l'enfance... Déjà on retire à vos femmes leur rôle maternel, déjà on les contraint à des travaux cycliques, déjà on limite votre travail à un ou deux gestes, toujours les mêmes ; déjà on vous abrutit par la drogue, la politique et la spécialisation pour que vous soyez mûrs et fin prêts pour la banalisation."

Henri Vincenot
(Le Maître des abeilles)



jeudi 19 août 2021

Le mercenaire (Patrice Pertuit)

 

Composition et accompagnement Patrice Pertuit.
Chanson contre les guerres et les massacres en tous genres.





Site de Patrice Pertuit (créations musicales) http://ecouter-pour-voir-pertuit-p.wi... Chaîne You tube : https://www.youtube.com/channel/UCmv6...

Toutouic lon la (Berceuse Bretonne)







"Toutouic lon la" Berceuse harmonisée par Patrice Pertuit
Accompagnement : P. Pertuit

Site de Patrice Pertuit (créations musicales) http://ecouter-pour-voir-pertuit-p.wi... Chaîne You tube : https://www.youtube.com/channel/UCmv6...


Toutouic, lon la, ma belle, toutouic, lon la...

Le père est loin, la mère ici. Qui va berçant l'enfant chéri.

Toutouic, lon la, ma belle, toutouic, lon la...

Jadis, elle a pleuré souvent. Mais aujourd'hui sourit gaiement.

Toutouic, lon la, ma belle, toutouic, lon la...

Oh ! n'ouvre pas mon angelet, Ton aile d'or pour t'envoler.

Toutouic, lon la, ma belle, toutouic, lon la...


En quoi consiste l'art de peindre (Fénelon)



Fénelon






Peindre, c'est non seulement décrire les choses, mais en représenter les circonstances d'une manière si vive et si sensible, que l'auditeur s'imagine presque les voir. Par exemple, un froid historien qui raconterait la mort de Didon se contenterait de dire : "Elle fut si accablée de douleur après le départ d'Enée, qu'elle ne put supporter la vie ; elle monta au haut de son palais ; elle se mit sur un bûcher, et se tua elle-même." 

En écoutant ces paroles, vous apprenez le fait, mais vous ne le voyez pas. Ecoutez Virgile, il le mettra devant vos yeux. N'est-il pas vrai que, quand il ramasse toutes les circonstances de ce désespoir, qu'il vous montre Didon furieuse, avec un visage où la mort est déjà peinte, qu'il la fait parler à la vue de ce portrait et de cette épée, votre imagination vous transporte à Carthage ? Vous croyez voir la flotte des Troyens qui fuit le rivage, et la reine que rien n'est capable de consoler : vous entrez dans tous les sentiments qu'eurent alors les véritables spectateurs. Ce n'est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui. Le poète disparaît ; on ne voit plus que ce qu'il fait voir, on n'entend plus que ceux qu'il fait parler. Voilà la force de l'imitation et de la peinture. De là vient qu'un peintre et un poète ont tant de rapport : l'un peint pour les yeux, l'autre pour les oreilles ; l'un et l'autre doivent porter les objets dans l'imagination des hommes.

Fénelon






Joseph Stallaert - La mort de Didon










Simon Vouet - La mort de Didon
 






 

mardi 17 août 2021

Citation : William Shakespeare

 





Je me sens toujours heureux, savez-vous pourquoi ? Parce que je n'attends rien de personne. Les attentes font toujours mal, la vie est courte. Aimez votre vie, soyez heureux, gardez le sourire, et souvenez-vous : avant de parlez, écoutez. Avant d'écrire, réfléchissez. Avant de prier, pardonnez. Avant de blesser, considérez l'autre. Avant de détester, aimez et, avant de mourir, vivez.
William Shakespeare

Poésie : Le Barbichet (Jean Rebier)

 






Le Barbichet



Je le confesse, en vérité,
Sur mon âme,  je suis tenté
De croire qu'au vieux temps les fées,
Dispensatrices de beauté,
Du barbichet étaient coiffées.



Oui, c'était leur main qui filait
Le lin pur et blanc comme lait,
Puis en guise de broderie,
Sur la trame fine elle ourlait,
Toutes les fleurs de la prairie.

Car cet atour si gracieux,
Qui captive et charme les yeux,
Ne peut avoir d'autre origine
Et nous vint tout exprès des cieux,
Pour embellir la Limousine.

Rien ne saurait faire valoir
Comme lui l'éclat de l'oeil noir
Et le vif incarnat des lèvres,
Ni sur les fronts faire pleuvoir
Un tel essaim de grâces mièvres.

Son extrême fragilité,
Sa coquette mobilité,
Sitôt que la brise l'éveille,
Lui font une espiègle beauté,
A la vôtre toute pareille.

Et lorsqu'au moindre coup de vent
Ses ailes frôlent en tremblant
Un minois jeune et point morose,
On dirait un papillon blanc
Qui courtise un bouton de rose.

Vous l'avez banni sans pitié,
Mais j'ai peur qu'il ait emporté,
O Limousines infidèles,
La grâce de votre beauté
Dans les replis de ses dentelles.


Jean Rebier



(source poésie : Gallica/BNF)


MozART group - Only horses regret... (Official Video, 2017)


 

vendredi 13 août 2021

Consuelo (extrait) - George Sand





 Conquérants et souverains, c'est en vain que vous employez vos trésors à bâtir des temples : vous n'en êtes pas moins des impies, quand une seule pièce de cet or est le prix du sang et de la souffrance. C'est en vain que vous soumettez des races entières par l'éclat de vos armes : les hommes les plus aveuglés par le prestige de la gloire vous reprocheront un seul homme, un seul brin d'herbe froidement brisé. La muse de l'histoire, encore aveugle et incertaine, accorde presque qu'il est dans le passé de grands crimes nécessaires et justiciables ; mais la conscience inviolable de l'humanité proteste contre sa propre erreur, en réprouvant du moins les crimes inutiles au succès des grandes causes.



George Sand (Consuelo)