"... Le Journal au lieu d'être un
sacerdoce est devenu un moyen pour les partis ; de moyen, il s'est fait
commerce ; et comme tous les commerces, il est sans foi ni loi. Tout
journal est, comme le dit Blondet, une boutique où l'on vend au public
des paroles de la couleur comme il les veut. S'il existait un journal
des bossus, il prouverait soir et matin la beauté, la bonté, la
nécessité des bossus. Un journal n'est plus fait pour éclairer, mais
pour flatter les opinions. Ainsi, tous les journaux seront dans un temps
donné, lâches, hypocrites, infâmes, menteurs, assassins ; ils tueront
les idées, les systèmes, les hommes, et fleuriront par cela même. Ils
auront le bénéfice de tous les êtres de raison : le mal sera fait sans
que personne en soit coupable. Je serai moi Vignon, vous serez toi
Lousteau, toi Blondet, toi Finot, des Aristide, des Platon, des Caton,
des hommes de Plutarque ; nous serons tous innocents, nous pourrons nous
laver les mains de toute infamie. Napoléon a donné la raison de ce
phénomène moral ou immoral, comme il vous plaira, dans un mot sublime
que lui ont dicté ses études sur la Convention : Les crimes collectifs n'engagent personne. Le journal peut se permettre la conduite la plus atroce, personne ne s'en croit sali personnellement."
Tous s'excuse et tout se justifie à une époque où l'on a transformé la vertu en vice, comme on a érigé certains vices en vertus.
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