mardi 14 juillet 2020

Buffon (L'homme - Histoire naturelle)




William Clarke Wontner





Lorsque l’âme est tranquille, toutes les parties du visage sont dans un état de repos ; leur proportion, leur union, leur ensemble marquent encore assez la douce harmonie des pensées, et répondent au calme de l’intérieur ; mais, lorsque l’âme est agitée, la face humaine devient un tableau vivant où les passions sont rendues avec autant de délicatesse que d’énergie, où chaque mouvement de l’âme est exprimé par un trait, chaque action par un caractère, dont l’impression vive et prompte devance la volonté.

C’est surtout dans les yeux qu’elles se peignent et qu’on peut les reconnaître ; l’oeil appartient à l’âme plus qu’aucun autre organe, il semble y toucher et participer à tous ses mouvements, il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils partent.

L’oeil reçoit et réfléchit en même temps la lumière de la pensée et la chaleur du sentiment ; c’est le sens de l’esprit et la langue de l’intelligence.




(Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788)
- Histoire naturelle

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