vendredi 19 juin 2020

Souvenir vague ou les parenthèses (Musique Patrice Pertuit)




Poème Edmond Rostand

Musique et accompagnement : Patrice Pertuit








Site de Patrice Pertuit (créations musicales)



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Souvenir vague ou les parenthèses


Nous étions, ce soir-là, sous un chêne superbe
(Un chêne qui n'était peut-être qu'un tilleul)
Et j'avais, pour me mettre à vos genoux dans l'herbe,
Laissé mon rocking-chair se balancer tout seul.


Blonde comme on ne l'est que dans les magazines

Vous imprimiez au vôtre un rythme de canot ;
Un bouvreuil sifflotait dans les branches voisines
(Un bouvreuil qui n'était peut-être qu'un linot).



D'un orchestre lointain arrivait un andante

(Andante qui n'était peut-être qu'un flon-flon)
Et le grand geste vert d'une branche pendante
Semblait, dans l'air du soir, jouer du violon.



Tout le ciel n'était plus qu'une large chamarre,

Et l'on voyait au loin, dans l'or clair d'un étang
(D'un étang qui n'était peut-être qu'une mare)
Des reflets d'arbres bleus descendre en tremblotant.



Et tandis qu'un espoir ouvrait en moi des ailes

(Un espoir qui n'était peut-être qu'un désir),
Votre balancement m'éventait de dentelles
Que mes doigts au passage essayaient de saisir.



Votre chapeau de paille agitait sa guirlande

Et votre col, d'un point de Gênes merveilleux
(De Gênes qui n'était peut-être que d'Irlande),
Se soulevait parfois jusqu'à voiler vos yeux.



Noir comme un gros paté sur la marge d'un texte

Tomba sur votre robe un insecte, et la peur
(Une peur qui n'était peut-être qu'un prétexte)
Vous serra contre moi. - Cher insecte grimpeur !



L'ombre nous fit glisser aux chères confidences ;

Et dans votre grand oeil plus tendre et plus hagard
J'apercevais une âme aux profondes nuances
(Une âme qui n'était peut-être qu'un regard).

Edmond Rostand





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