Il faut
considérer que l’étude est la culture et la nourriture de notre esprit.
Ce que nous lisons entre dans notre mémoire, et y est reçu comme un
aliment qui nous nourrit et comme une semence qui produit dans les
occasions des pensées et des désirs. Si l’on ne prend point
indifféremment toute sorte d’aliments, et si l’on évite avec soin tous
ceux qui nous peuvent nuire, si l’on ne sème pas dans ses terres toutes
sortes de semences, mais seulement celles qui sont utiles, combien
doit-on encore apporter plus de discernement à ce qui sert de nourriture
à notre esprit, et ce qui doit être la semence de nos pensées ? Car ce
que nous lisons aujourd’hui avec indifférence se réveillera dans les
occasions, et nous fournira, sans même que nous nous en apercevions, des
pensées qui seront une source de bien ou de mal. Mais, dans la
nourriture du corps, l’on distingue d’ordinaire par le goût même ce qui
nuit à la santé. Il n’en est pas de même dans les aliments de l’âme.
Nous n’avons point naturellement de goût spirituel, qui distingue les
bons aliments des mauvais. Nous trouvons même quelquefois les poisons
plus agréables que les meilleures nourritures, tant notre goût spirituel
est corrompu. Et ainsi il faut suppléer par une attention toute
particulière à cette corruption de notre esprit, et c’est une des
manières dont nous devons pratiquer cet avertissement du Sage :
« Appliquez-vous avec tout le soin possible à la garde de votre coeur».
Ce qui nous doit porter à veiller avec soin sur tout ce qui entre dans
un vase si précieux.
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